La loi des séries
L’autre jour, en lisant un article de Jérôme sur la blogothérapie je me suis dit qu’en tant que lecteur de blogs je me rassurais en confrontant mes propres expériences à celles des autres. Au-delà de la variété des personnalités, je retrouve souvent chez l’un ou l’autre un comportement, une réaction, une pensée, une angoisse, un plaisir, un désir que j’ai moi-même expérimenté un jour ou l’autre. Le côté rassurant je le trouve dans l’identification à l’autre et dans le sentiment d’appartenir à un groupe (pas à un ghetto !) et de ne pas me sentir comme un cas isolé vivant avec ses joies et ses angoisses tout seul sans que personne ne puisse les comprendre.
Cette identification je la vis aussi … à travers les séries TV ! Il faut, pour voir aborder les sujets homos, taper dans les séries américaines, à ma connaissance aucune série française ne pénètre le milieu homo aussi profondément que Queer as folk, Six feet under, L-World ou Dante’s cove.
La série avec laquelle je me sens le mieux c’est QAF. Quand je lance un épisode, ça me donne l’impression de rentrer dans un bain bien chaud, de me sentir à la maison. Cette série qui relate la vie de 5 copains homos et 2 copines lesbiennes vivant à Pittsburgh me donne envie de vivre comme eux, avec eux, tellement ils ont l’air bien, et ce malgré les épreuves qu’ils traversent (ruptures, déceptions amoureuses, frustration, solitude, VIH, …). Les personnages sont assez (stéréo)typés puisqu’on retrouve la folle, le baiseur invétéré, le romantique, etc. mais leurs attitudes et relations sont décrites de manière très réaliste et plus d’une fois je me suis reconnu dans tel ou tel personnage. Il y a même des situations qui m’ont fait sourire tellement je me suis dit « c’est tout à fait moi ou nous ! ».
Michael, qui est beaucoup plus beau avec son T-shirt que sans
Dans ce panorama bariolé, j’aime beaucoup la relation entre Michael et Brian (pour ceux qui connaissent) : Michael (le seul que je trouve beau dans la série – du moins quand il est habillé ! avec Ted peut-être) et Brian sont amis depuis l’adolescence et sont amoureux refoulés. Pendant leur adolescence il y a eu un acte manqué qui fait qu’ils n’ont jamais baisé ensemble mais depuis ils sont extrêmement attachés l’un à l’autre tout en vivant leurs vies sentimentales en parallèle. Quand ils se voient ils n’hésitent pas à se rouler des pelles, à s’étreindre, etc. C’est comme s’ils vivaient une liaison virtuelle sans que le sexe vienne tout gâcher (tiens je me mets à parler comme Frissonator …). Enfin tout gâcher … c’est vrai qu’on dit que dans les couples, au bout d’un moment, la flamme s’éteint avec le temps et que ça peut être source de tensions. En plus, du fait de leur non-engagement dans une relation de couple, ils ne s’enferment pas dans un carcan et c’est pour ça que leur relation peut durer très longtemps. Bon, avec ça je donne une super idée du couple ! En fait je dois dire ça parce que je suis un gros frustré célibataire, je vous l’accorde … n’en rajoutez pas siouplait.
Voilà, sinon j’adore Emmett Honeycutt qui est la folle de service, un peu simple d’esprit avec le cœur sur la main : sa sincérité et sa naïveté sont à la fois très touchantes et très drôles. Il m’a valu de bons fous rires.
Bon là, je viens de finir la saison 2 et je n’ai plus que la saison 3 en réserve : il va falloir que je la distille à petites doses !
Je ne vais pas détailler les autres séries sinon on n’en finira pas, mais SFU m’a beaucoup plu et soufflé pour la caractérisation des rapports humains. Il y a un personnage gay dans la série, David (le 2e fils de la famille de croque-morts) mais finalement ce n’est pas forcément avec lui que je me suis le plus identifié. Pour ceux qui ne connaissent pas, je vous la recommande vivement, ça remue beaucoup (j’ai chialé comme une madeleine pour le dernier épisode … et pourtant je ne suis pas du genre à) mais ce n’est pas une série si sombre que ça.
David Fisher (Michael C. Hall, à l'époque moche) et le beau Keith (son copain dans Six feet under)
L-World est la version goudou de QAF : ce groupe de nanas est fort sympathique et leur destin se dévore avec autant de plaisir que celui de nos petits amis de Pittsburgh.
Les copines de L-World : quelle horreur, des filles à poil !
Cette identification a quand même des limites. Même si on repère des traits de personnalités communs ou des situations ressemblant sous certains aspects à la nôtre, il ne faut pas en tirer de généralités ou de conclusions sur soi. Je me suis d’ailleurs fait avoir quelques fois, en me disant : tiens il leur arrive la même chose qu’à moi, voyant comment ça va se passer après pour eux (et donc pour moi aussi !) : et bien non tout n’est pas formaté, bien heureusement d’ailleurs.
Elvino